Mariage en Thaïlande, faut-il payer la dot ?

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Sin Sod, introduction :

Sin Sod, qui peut parfois s’écrire Sin Sot, peut être considéré comme une dot. Mais ce serait une erreur de comparer cela à nos coutumes aujourd’hui dépassées. Il n’est pas rare de lire tout et n’importe quoi concernant un usage encore tenace et bien répandu au pays du sourire dans le cadre d’un mariage

Comme souvent je vais me baser sur des faits et des expériences personnelles pour aborder le sujet sulfureux de la « sin sot », la fameuse dot thaïlandaise.

Alors, faut il oui ou non payer la dot quand on se marie avec une Thaïlandaise ?

Acheter son épouse :

Contrairement à une idée trop répandue la sin sod n’est pas un achat, en aucun cas vous n’achetez votre future épouse. Pas question de payer en chèvres, buffles ou chameaux pour acquérir celle que vous désirez ajouter à votre cheptel. Commencez par balayer cette idée saugrenue de votre esprit, vous pourrez alors aborder un peu plus sereinement et en connaissance de cause cet aspect culturel encore bien présent au pays du sourire.


Mais qu’est ce que la sin sod ?

En fait la sin sod est payée par le prétendant et elle doit prouver sa capacité à prendre soin financièrement de l’élue de son coeur, au minima avec le même niveau social dont est issue cette dernière.

Si vous comprenez cela, vous avez quasiment tout compris et pouvez balayer aisément toutes les rumeurs et fausses certitudes entourant cette étape primordiale du mariage en Thaïlande.


Comment est-ce négocié ?

En règle générale ce sont les parents des deux tourtereaux qui négocient. Il est clair que les parents de la jeune fille vont tenter de faire grimper les « enchères », plus le prix sera élevé et plus ils gagneront en prestige, la somme demandée étant le reflet de la bonne éducation et du bon niveau qu’ils auront donné à leur fille. Inversement les parents du jeune homme tenteront de réduire la facture, pourront entrer en ligne de compte l’âge de la jeune ( ou moins jeune ) fille, le fait qu’elle ait été déjà mariée ou pas avant, qu’elle ait des enfants, …

La sin sod étant la preuve que le prétendant est capable de prendre soin de sa future épouse rend caduque les légendes qui veulent que l’on a pas à payer pour une femme qui a déjà été mariée ou qui a des enfants d’une autre union. La sin sod payée par le mari précédent ne prouve en rien votre capacité à assurer une avenir financier à votre dulcinée. Comme dit plus haut, cette ancienne union peut éventuellement être un argument pour faire baisser le prix de la sin sod initialement demandée. Il en est de même pour les enfants, le prix de la sin sod dépendra du fait que vous preniez en charge ou pas les enfants issus d’un autre mariage. Pour ma part j’ai régulièrement rencontré des enfants élevés par leurs grands parents tout simplement parce que le nouveau beau-père a refusé d’inclure ces enfants dans sa nouvelle vie familiale.


Mais que devient la sin sod ?

Culturellement la sin sod était donnée aux parents de la mariée et ceux ci conservaient cet argent afin de le restituer au jeune couple en cas de coup dur financier ou à l’occasion de la naissance du premier enfant.

De nos jours il y a plusieurs options, la première étant que les parents de la mariée garde l’argent pour eux, c’est assurément une des solutions les moins répandues. La seconde option, celle qui a été utilisée en partie pour mon mariage, est que cet argent sert à financier la fête associée au mariage. Au village nous avons fait quelque chose de modeste mais cela a quand même coûté près de 70,000 bahts, en 2008. La troisième option la plus répandue est que l’argent soit rendu au couple après les festivités, l’étalage et le comptage de la sin sod devant le village étant une manière de respecter les coutumes, de gagner en prestige et de ne pas perdre la face.

Les escroqueries à la sin sod

Hé oui, comme dans tous les pays les escroqueries sont possibles, l’amour et les sentiments étant les terrains de chasse privilégiés de certaines personnes et familles sans scrupule. Certains Thaïlandais, certes de moins en moins nombreux, continuent à penser que les farangs sont riches à millions et que l’on peut dès lors gonfler la sin sod au même niveau que ce que paient les tourtereaux issus des classes aisées siamoises. Il y a eu quelques cas d’Européens payant maison, voitures, or et donnant quelques liasses de bahts pour épouser des filles issues de famille très pauvres, fille souvent bien plus jeune que le prétendant et ayant rencontré l’élu de son coeur quasiment la veille dans le salon de massages spécialisés d’une cité balnéaire et touristique du pays.

Ces dérapages qui sont exceptionnels ont néanmoins fait taches d’huile et certaines filles et familles peu respectueuses rêvent et tentent de mettre le grappin sur un de ces farangs qui a momentanément remplacé son cerveau par un gigantesque gland brodé de cartes de crédits.

En règle générale les unions qui sont motivées par l’appât du gain ont un schéma typique basé sur l’urgence et la rapidité. Les déclarations d’amour se font très vite, parfois déjà sur les sites de rencontre avant même la première rencontre concrète, ce type de site étant un des terrains de chasse privilégiés des carnassières financières. On parle souvent très vite de mariage, et la somme à payer est rapidement abordée, sans parler des « petits cadeaux » en extra, le tout saupoudré de menace de séparation, de perte de face, de suicide possible et j’en passe des meilleures. Bref, pour faire simple, en règle générale, rien n’est fait dans le moyen et le long terme. C’est d’ailleurs un aspect culturel thaïlandais que de planifier à très court terme.


Sin sod, retour d’expérience :

J’avoue avoir eu des difficultés avec la sin sot lorsque le sujet a été abordé les premières fois, pas évident quand on n’en a pas compris le principe. Bon le mariage était désiré de part et d’autre, cela faisait près de deux ans que nous vivions ensemble. Nous avions un réel désir de construire un avenir commun, d’avoir des enfants, de fonder notre famille.

En règle générale, au village natal de mon épouse, la sin sod tourne aux alentours de 40 à 100,000 bahts selon l’importance du statut social au sein de la communauté. Pour ma part j’ai versé 150,000 bahts, et c’est moi qui ai proposé cette somme, une manière de gagner une échelon dans l’échelle sociale de ce petit village où nous projetions de nous installer.

Sur les 150,000 bahts, 70,000 ont servi à financer les festivités ( ce sont mes beaux parents qui ont tout organisé ). Les 80,000 bahts restants servant à acheter deux raïs de rizière avec chanote idéalement situés pour un projet à moyen terme, l’avenir nous a d’ailleurs donné raison.

Ai je regardé à la dépense avec ma nouvelle famille ? Non, sincèrement non, pour la simple et bonne raison que j’ai vite compris que le mariage n’est pas qu’une simple formalité permettant de jouir d’une jeune et jolie épouse. Non, le mariage, pour ceux qui connaissent les villages ruraux de l’Issan, c’est l’opportunité d’entrer dans une famille, d’être considéré comme l’un des leurs, même si l’on restera toujours un farang, statut dont on n’a pas à rougir de toute façon. Mais être intégré dans une communauté, avoir son mot à dire, obtenir le respect de ses opinions même si elles divergent parfois des us et coutumes de la région, avoir la place destinée au fils ainé et se voir peu à peu confier les rênes de la famille, cela donne tout de suite un autre sens à la vision étriquée que certains ont du mariage.

Les années passent, nous avons maintenant deux garçons, deux adorables métis qui ont la nationalité thaï. Lors de notre mariage la famille disposait d’une vingtaine de raïs, cette surface à plus que doublé depuis ce temps. Suis je propriétaire de quelque chose ? Non absolument rien mais par contre nos enfants pourront hériter de tout ce patrimoine.

A ce jour mes beaux parents se font vieux et le dur labeur quotidien pèse sur leurs épaules. Beau papa souffre d’un cancer. Nous avons voulu revendre une de nos maisons pour tenter de le soigner à l’époque mais il a refusé, il préfère suivre son destin. Belle maman faiblit, elle a subit une opération assez lourde il y a quelques années et elle peine depuis ce temps. Il est temps pour moi de prendre peu à peu la tête de la famille. Je planifie actuellement plusieurs projets sur nos terres familiales, pour remplacer une bonne partie des rizières et autres cultures traditionnelles en perte de rentabilité et de plus très élevées en terme de pénibilité. Place à la diversité avec l’aquaponie, l’aquaculture, l’élevage des vers à soie, les champignonnières, le tourisme vert,… J’espère que d’ici un an ou deux mes beaux parents pourront enfin se poser, l’occasion pour eux de transmettre nombre de leurs savoirs à leurs petits enfants.


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